
Le temps passe. Le temps panse. Le temps file ou se fige. 14 mois. C’est à quelques jours près le temps qui s’est écoulé depuis le point de rupture entre ma vie d’avant et celle d’aujourd’hui. Celle avec laquelle j’ai appris à composer depuis qu’Alice n’est plus. 14 mois. L’âge qu’elle aurait si… 14 mois. Une année et deux mois. Plus le temps passe, plus j’ai parfois l’impression de ne pas avoir vécu tous les évènements de ce mois de juillet 2018. Quand j’y repense, une profonde tristesse m’envahit mais elle est différente. Elle ne me met plus au tapis comme avant. Ma douleur est là, elle ne me quittera jamais, mais j’ai réussi à l’apprivoiser et à m’en détacher suffisamment pour qu’elle ne dévaste pas tout sur son passage les jours où elle s’invite au bal de mes émotions.
14 mois. 61 semaines. Mais les dernières n’ont pas été propices à l’écriture. Certainement pas par manque d’envie ou d’inspiration. Alice me souffle souvent les mots et les phrases qui finissent ici noir sur blanc. Simplement, mon rapport au temps n’a plus été le même depuis que j’ai dû reprendre mes études au mois de mai dernier. Et c’est la tête dans le guidon que j’ai traversé cette période, jusqu’au début du mois d’août. Mais le mois qui remporte tous les suffrages est sans aucun doute le mois de juillet. Je l’ai traversé assez difficilement, je dois l’avouer. Dès le 1er juillet, à l’approche du premier anniversaire d’Alice, celui de sa naissance et de sa mort qu’il est difficile de dissocier, j’ai doucement senti s’installer les prémices d’une tornade émotionnelle.
8 juillet 2019. Le hasard du calendrier a fait que c’est le jour où j’ai commencé le dernier stage de ma formation. Naïvement, j’ai pensé que cela me permettrait d’avoir l’esprit assez occupé pour ne pas être complètement happée par mes souvenirs douloureux. Mais mon corps n’a pas tarder à se rappeler à moi et à mon esprit qui se débattait pour se concentrer sur le moment présent. La mémoire du corps est trop forte lorsqu’il a été malmené. La raison n’a jamais gain de cause face à une âme qui a souffert. 10h49. L’heure de la naissance d’Alice. 10h49. Le moment précis où j’ai une nouvelle fois levé les yeux sur l’horloge. Voilà. L’année était passée. Toutes les dates anniversaires allaient désormais n’être que des répétitions.
J’avais anticipé la journée du 8. Je savais qu’elle serait difficile à vivre. En revanche, ce que je n’avais pas prévu, c’était de pleurer chaque soir les jours qui ont suivi. Au point de me demander si un syndrome dépressif n’était pas en train de s’installer en moi… Moi qui pensais m’en être plutôt bien sortie, voilà que j’allais devoir faire appel à un thérapeute un an après. Qu’importe, le principal était de sortir de cet état de tristesse infinie qui prenait tout l’espace disponible de mon esprit. Mais mieux qu’une thérapie, c’est le retour de Noémie à la maison – qui était partie pour la première fois une semaine en vacances chez mes parents – qui a mis fin à ce bouleversement émotionnel. Loin de moi l’idée de faire d’elle un antidépresseur. Mais l’amour qui me lie à elle est mon oxygène quand j’étouffe, mon phare dans l’obscurité, mon soleil les jours de mauvais temps. Et il a fallu que j’en sois privée une semaine pour me rendre compte à quel point il m’a aidée à tenir. Et puis les jours se sont égrainés et août est arrivé. L’envie d’écrire était toujours là, mais mon stage est arrivé à sa fin et le moment de notre départ en vacances approchant, ma famille est redevenue ma priorité et j’ai mis mes mots de côté.
Septembre a sonné la fin des vacances. Avec le temps de la rentrée est arrivé celui de l’apaisement et de la reconstruction. Il m’a fallu une année entière pour en construire les fondations, saines et solides. Aujourd’hui, j’aborde une autre période de ma vie. Sans Alice à nos côtés mais plus que jamais et pour toujours avec elle dans nos cœurs. J’assume mes cheveux blancs (et c’est pas rien !), je savoure chaque petit plaisir qui m’est offert, je profite du moment présent, j’ai des tas de projets… Bref, je vis.
« Ce n’était pas mon choix de te survivre. Alors j’ai choisi de vivre et de t’honorer » – Anonyme
Un tout petit mot pour vous dire que je suis très touchée par votre histoire, quelles émotions à vous lire. Beaucoup de tristesse évidemment, mais de vos textes se dégage une force solaire qui est très belle. Vous êtes une magnifique maman.
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Tout simplement, merci
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