
Récemment, plusieurs personnes de mon entourage, plus ou moins proches, que je connais « dans la vraie vie » ou virtuellement, ont annoncé leur grossesse. La toute première, la deuxième, celle « d’après ». Dans tous les cas, je ne peux qu’être touchée par tous ces nouveaux bonheurs. Mais en toute honnêteté, la première sensation qui me traverse les minutes qui suivent une telle annonce est plutôt de l’ordre du malaise. Ma respiration se fait plus courte, mon cœur bat plus fort et je ressens un mélange désagréable de tristesse et de frustration. Pour me préserver et éviter de rouvrir ma blessure trop souvent, j’ai décidé de prendre mes distances avec Instagram. Le réconfort que j’ai pu y trouver, et que j’y trouve encore à dose homéopathique sur certains profils (qui par ailleurs n’ont parfois rien à voir avec le deuil périnatal) peut être malmené par des publications qui, même si elles n’ont pas vocation à heurter, me blessent. Force est de constater que j’ai pris la bonne décision. Je n’ai jamais été une accro des réseaux ce qui rend le sevrage plutôt aisé et me permet de vivre mes émotions intérieurement, sans pour autant culpabiliser sur le fait de ne pas faire exister Alice aux yeux de tous. Elle existe principalement en moi, dans le cœur de mes proches et désormais de ceux qui me lisent ici. Elle a une place. Sa place. Et c’est bien comme ça.
Une grossesse, quelle qu’elle soit, n’est jamais vraiment de tout repos, aussi bien moralement que physiquement. Et dans les cas où elle fait suite à une précédente expérience malheureuse, elle a une saveur encore plus particulière. Je sais maintenant à quel point une grossesse est précieuse mais aussi qu’elle n’est pas une fin en soi. Le principal est qu’elle se déroule au mieux, jusqu’au bout. Jusqu’au moment de la naissance. Avec un bébé en bonne santé qui n’aura plus alors qu’à grandir avec l’amour de ses parents. Même s’il y a peu, j’ai réalisé qu’une nouvelle grossesse, et donc l’arrivée d’un nouvel enfant, ne sera pas la seule chose qui pourra me rendre heureuse – parce que je refuse que ce soit le cas – je mentirais si je disais ne pas en avoir envie. Profondément. Parce qu’avoir deux enfants a toujours été mon souhait. Deux enfants en vie. Mais les grossesses des autres me rappellent malgré elles, et bien malgré moi, que je n’en suis pas encore là. Et ne le serai peut-être jamais étant donné les difficultés que cela représente dans mon cas. Une idée encore difficile pour moi à accepter… Les autres histoires, si belles et touchantes soient-elles, me renvoient systématiquement et sans ménagement à la mienne qui a pris un tournant plus qu’inattendu.
Mais les grossesses des autres sont aussi une grande source de bonheur et de joies à venir. Elles me remplissent d’espoir et sont un cadeau d’une valeur inestimable. A toutes celles qui traversent cette période fascinante de leur vie, en particulier à trois d’entre elles qui me sont proches, merci pour cette touche d’espoir que vous m’apportez sans le savoir. Et surtout, prenez soin de cette petite bulle d’amour qui grandit en vous.
Ma première petite bulle à moi, Noémie, a bien grandi. La voir changer, évoluer, s’affirmer, s’illuminer depuis presque 6 ans est le plus beau spectacle qui m’ait été donné de voir de ma vie. Ma deuxième petite bulle, ma belle Alice, m’a appris à vivre au présent, sans m’accrocher au passé et sans trop présager de l’avenir. Et notamment d’une nouvelle année qui vient tout juste de commencer. Alors à moi de trouver le bon équilibre entre mon envie de réaliser les projets qui me tiennent à cœur en 2020 et mon besoin de me laisser porter par la vie. Jour après jour. Pas à pas.