Il me restera toi

Il y a des jours où ton absence est trop lourde à porter. Des jours où tout ce que je n’ai pas pu faire avec toi se rappelle à moi. J’aurais tant voulu te présenter fièrement à tous ceux qui m’entourent. Tant voulu voir leurs sourires béats devant tant de beauté pure et les entendre s’extasier devant le moindre de tes petits mouvements ou de tes babillages. Tant voulu qu’on me demande comment s’était passé l’accouchement. Tant voulu les nuits sans sommeil, la fatigue, les taches de lait. J’aurais tant voulu te regarder, te caresser, te respirer, te dorloter, te bercer. Tant voulu te voir t’éveiller au monde chaque jour un peu plus. Tant voulu te voir complice avec Noémie, ta sœur qui t’attendait tant. Tant voulu te voir sourire. Tant voulu te voir si petite dans les bras de ton papa et sentir tout son amour pour toi. J’aurais tant voulu…

Au lieu de ça, il me restera des souvenirs. Le souvenir de t’avoir vue bien vivante grâce aux échographies, de t’avoir sentie bouger. Le souvenir de ton si beau visage et celui de ta peau aussi fine que du papier de soie. Le souvenir de tes joues si douces que je n’ai pas assez embrassées. Le souvenir de ton odeur aussi. Le souvenir de ton petit corps inerte contre mon corps tremblant.

Il me restera aussi ces quelques photos de toi. Les regarder me rassure car ton existence a été si courte qu’il m’arrive parfois d’avoir l’étrange sensation que tu n’es pas réelle. J’aimerais les montrer au monde entier pour qu’on me dise que tu étais le plus beau bébé de la terre. Tu l’étais pour moi, c’est ce qui compte.

Il me restera Dans le ciel d’Alice, ce petit espace virtuel qui me permet d’écrire, de t’écrire, pour aller mieux, pour aller bien, et que j’aime faire connaître car il te fait vivre au-delà de mon cœur.

Et enfin, il me restera toi, Alice, mon tout petit bébé soleil.

Plus jamais sans elle

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Même si je ne verrai pas grandir Alice, même si je ne pourrai plus jamais la serrer dans mes bras, même si j’ai comme été amputée d’une partie de moi, je ne vivrai plus jamais sans elle. Alice n’est pas là mais elle est partout. Et pas un seul jour ne passe sans que je pense à elle depuis le 7 juillet 2018.

Le 7 juillet, Alice s’éteignait. Le 7 novembre, son papa et moi avons rallumé sa petite flamme en nous faisant respectivement graver dans la peau son prénom et son initiale. Le 7 juillet, notre départ précipité pour la maternité s’est soldé par un pneu crevé. Le 7 novembre, après être allée récupérer Noémie chez sa nounou en revenant du rendez-vous chez le tatoueur, pas moyen de redémarrer la voiture. Simple coïncidence ? J’aime à penser que non et que c’est notre Alice qui nous joue des tours du haut de son petit nuage, comme pour nous dire qu’elle sera toujours avec nous et qu’elle ne manquera pas de nous faire signe de temps en temps. Et comme pour nous signifier que le temps est venu pour nous d’accepter pour de bon son absence. Comme si elle nous autorisait enfin à avancer sans elle à nos côtés maintenant que nous lui avons montré à quel point nous l’aimons.

Quant à Noémie, mon premier bébé et déjà une petite fille, je suis vraiment très impressionnée par la manière dont elle vit les choses. Elle parle régulièrement de sa petite sœur qui vit dans le ciel. Le plus souvent, elle le fait avec le sourire, mais parfois, la tristesse se fraye un chemin au milieu de sa joie de vivre et il lui arrive de réclamer Alice. Mon cœur se déchire quand ses yeux s’emplissent de larmes et qu’elle me dit de sa petite voix légèrement éraillée « Je veux Alice… Je veux Alice… ». Je la prends alors dans mes bras en lui disant qu’elle a le droit d’être triste et qu’Alice veille sur elle et doit être très fière de sa grande sœur. L’enfance a ceci de beau qu’elle ne laisse jamais s’installer cet état de tristesse bien longtemps. L’envie de jouer reprend très vite le dessus et je me laisse volontiers entraîner dans ce monde où l’imagination est reine et où le rire est son roi. Alors merci à toi, ma toute grande Noémie. Merci de faire vivre Alice comme tu le fais.

 

 

En souvenir

 

Enfance

Voilà plus de deux semaines que je n’ai pas écrit car nous avons profité des vacances scolaires pour nous éloigner du quotidien en partant en Sicile une semaine et avons passé le reste des vacances à la maison. Cette parenthèse m’a été bénéfique car j’ai passé beaucoup de temps avec Noémie et j’ai plus que jamais ressenti tout l’amour que j’ai pour elle. Une vraie thérapie ! L’envie d’écrire ne m’a bien sûr pas quittée pendant tout ce temps. Mais à défaut de pouvoir m’isoler devant mon ordinateur, j’en ai profité pour lire. Et je n’ai pas choisi n’importe quel livre pour m’accompagner au paradis des citronniers (la Sicile en est littéralement recouverte !) : « A vif » de Ioulia S. Condroyer a fait le voyage avec moi. J’aurais pu le lire d’une seule traite mais j’ai fait en sorte de faire durer le plaisir et de me l’approprier petit à petit. Je m’y sentais tellement bien que j’aurais aimé que sa lecture ne finisse jamais ! En refermant le livre après l’avoir terminé, j’ai ressenti un mélange de sérénité et de douce tristesse, celle qui fait du bien autant qu’elle fait souffrir mais toujours avec délicatesse.

Depuis notre retour de Sicile, l’automne s’est bel et bien installé. J’appréhendais beaucoup cette période car comme tout le monde le sait, elle est propice à la déprime. Et cette année comme aucune autre avant elle, la vie m’a donné matière à déprimer… Mais comme en refermant « A vif », je me sens sereine et doucement triste. Il y a quelques jours, un nouveau sentiment a cependant fait son apparition et m’a prise par surprise. Il m’est difficile de le décrire précisément avec des mots mais je pense que je peux l’associer à un certain sentiment de fierté. La fierté d’être qui je suis, d’avoir pu faire face à la mort de mon enfant en devenir il y a tout juste quatre mois et de pouvoir aujourd’hui rendre hommage à Alice et lui exprimer tout mon amour ici à travers l’écriture. Et je m’apprête à franchir une nouvelle étape car aujourd’hui est le jour où je vais me faire tatouer le souvenir d’Alice sous la forme de deux coquelicots, ces fleurs d’été éphémères mais flamboyantes. L’idée du tatouage m’est venue très rapidement mais j’ai préféré laisser passer un peu de temps avant de la concrétiser car je voulais être sûr de moi et du motif que je choisirais. Mon conjoint a tout de suite aimé l’idée (et j’ai aimé qu’il l’aime !) et lui qui pensait ne jamais se faire tatouer va aussi franchir le pas. Alice est dans nos cœurs, dans nos têtes, et nous l’aurons bientôt pour toujours dans la peau.