Comme une envie de légèreté

Mon expérience du deuil m’en apprend tous les jours un peu plus sur moi-même, sur les autres, et sur notre rapport à tous à la vie et au monde. Je commence seulement à mesurer l’impact de cette expérience sur mon existence. Mes sens sont en éveil, je suis perméable à toutes les petites choses de mon quotidien et de mon environnement qui donnent à ma vie toute sa douceur. Je m’émerveille de tout, je me délecte de ces petits moments où le temps s’arrête pour nous permettre de les apprécier à leur juste valeur. Sentir sur mes doigts l’odeur de la menthe fraîche tout juste cueillie, observer une fourmi obstinée cherchant par tous les moyens à ramener jusqu’à sa fourmilière un demi-grillon au moins vingt fois plus gros qu’elle, me laisser bercer par le ronron de mon chat qui dort sur mes genoux, fermer les yeux et profiter de la chaleur des rayons du soleil qui s’invitent sur ma terrasse, me balancer doucement dans un hamac et m’assoupir sans m’en apercevoir, regarder les coquelicots danser au moindre souffle sur les talus en bord de chemin, entendre le rire de ma fille, lui chanter une chanson pour l’aider à s’endormir certains soirs, parler de nos prochaines vacances, penser à l’été qui s’annonce, écouter de la musique et donner de la voix sur mes morceaux préférés, faire des yaourts, manger des caramels mous au beurre salé, savourer les premiers fruits d’été… Les enfants ont cette capacité inouïe de profiter de chaque instant et de s’émerveiller de tout, quitte à ne pas répondre aux sollicitations répétées de leur parents pour se préparer le matin avant de partir à l’école ou pour passer à table (que le parent qui ne s’est jamais mis en rogne contre son enfant lorsque celui-ci l’ignore tout bonnement dans ces moments-là me jette la première pierre !) Dommage que cette âme d’enfant qui subsiste pourtant en chacun de nous soit trop souvent oubliée pour donner de l’importance à ce qui n’en a pas vraiment et qui nous mine et nous « bouffe » littéralement l’existence.

La vie est trop courte, trop précieuse et trop belle (ou trop moche ?) pour qu’on oublie de profiter de ce qu’elle a de plus beau à offrir. Même dans le plus noir des ciels, le soleil finit toujours par percer les nuages. Quant à nos fêlures, aussi douloureuses qu’elles puissent être, elles laisseront toujours passer la lumière.

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